Alors que la déforestation a atteint des records en février, le gouvernement veut faire passer une loi autorisant l’exploitation de ressources dans les territoires indigènes.
Tous les prétextes semblent aujourd’hui valables, aux yeux du gouvernement brésilien et de ses alliés au Congrès, pour exploiter l’Amazonie. Cette fois, c’est la guerre en Ukraine et la dépendance de l’agriculture brésilienne envers les engrais russes qui justifient le passage en force d’un projet de loi particulièrement inquiétant pour les défenseurs de la forêt. Le 9 mars, les députés ont approuvé à une forte majorité (279 votes pour et 180 contre) l’examen en urgence d’un texte de loi autorisant l’exploitation des ressources naturelles – minerais, pétrole, gaz, barrages – dans les territoires indigènes.
Le texte sera voté à la mi-avril après avoir été examiné par un groupe de travail et non pas discuté en commissions, comme c’est la règle. « Son approbation est probable à la Chambre des députés et les sénateurs vont subir également une forte pression pour organiser un vote rapide », craint le biologiste Romulo Batista, porte-parole de la campagne Amazonie chez Greenpeace. Car, si l’on en croit le président, il y a urgence. Une semaine après le début des hostilités en Ukraine, Jair Bolsonaro martelait dans les médias : « Notre sécurité alimentaire est en jeu, et nous devons prendre des mesures pour ne pas dépendre de l’extérieur pour une ressource comme le potassium que nous avons en abondance. »
« Argument fallacieux » de Bolsonaro
Or, s’il est vrai que le Brésil importe plus de 80 % des engrais qu’il utilise – principalement destinés aux exportations agricoles –, il est faux de dire que la sécurité alimentaire est menacée et que la solution pour réduire la dépendance se trouve dans les territoires indigènes. Selon une étude de l’université fédérale du Minas Gerais, les gisements de potassium du Brésil ne se trouvent pas dans ces territoires. Il existerait bien une réserve estimée à 255 millions de tonnes de potassium dans des terres non reconnues comme indigènes dans le sud-ouest de l’Amazonie. Mais, surtout, il y en aurait 838 millions de tonnes dans le sud-est du pays, au Minas Gerais, où l’exploitation serait beaucoup plus rentable et moins destructrice qu’en Amazonie.
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