Journée du 1er novembre 2021 :
COP26, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, objectif ambitieux mais crucial
Environ 120 dirigeants se sont réunis à Glasgow ce lundi, 1er novembre 2021 au début de la COP26 à Glasgow Ecosse, lançant deux semaines de négociations mondiales pour aider à déterminer si l'humanité peut faire avancer l'action urgente nécessaire pour éviter un changement climatique catastrophique.
Une vingtaine de chefs d'État et une trentaine de ministres ont fait le déplacement de Glasgow pour cette COP26 cruciale. Les présidents Félix Tshisekedi (République démocratique du Congo), Mohamed Bazoum (Niger), Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Ali Bongo (Gabon), Andry Rajoelina (Madagascar), Muhammadu Buhari (Nigeria), Abdel Fattah al-Sissi (Égypte), Nana Akufo-Addo (Ghana), George Weah (Liberia), Uhuru Kenyatta (Kenya), etc.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a ouvert la COP26. Il a insisté sur l'urgence d'agir face aux dirigeants de plus de 120 pays qui doivent désormais trouver des solutions afin de respecter les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat. "Si Glasgow échoue, tout échoue.", a-t-il martelé.
Boris Johnson a annoncé un financement, dans le cadre de la Clean Green Initiative du Royaume-Uni, pour soutenir le déploiement d'infrastructures durables et de technologies vertes révolutionnaires dans les pays en développement. Ceci comprend:
Un ensemble de garanties à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement pour fournir 2,2 milliards de livres sterling (3 milliards de dollars) pour des investissements dans des projets liés au climat en Inde, soutenant l'objectif de l'Inde d'atteindre 450 GW de capacité installée d'énergie renouvelable d'ici 2030, et dans toute l'Afrique.
L'institution de financement du développement du Royaume-Uni, CDC, s'engagera à fournir plus de 3 milliards de livres sterling de financement climatique pour la croissance verte au cours des cinq prochaines années. Cela comprendra 200 millions de livres sterling pour une nouvelle facilité d'innovation climatique pour soutenir la mise à l'échelle des technologies qui aideront les communautés à faire face aux impacts du changement climatique. C'est le double du montant du financement climatique que la CDC a investi au cours de sa précédente période stratégique de 2017 à 2021.
Soulignant le fait que « beaucoup de pays ressentent déjà l’impact dévastateur du changement climatique », le prince Charles a affirmé que « le coût de l’inaction est bien supérieur à celui de la prévention ». Il a ensuite exhorté les chefs d’Etat et de gouvernement « à trouver des moyens pratiques pour surmonter les différences, afin que nous puissions tous nous mettre au travail, ensemble, pour sauver cette précieuse planète et sauver l’avenir menacé de nos jeunes ».
Lors de son discours, le président américain, Joe Biden, a présenté des excuses publiques pour la décision de son prédécesseur, Donald Trump, de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris. « Je suppose que je ne devrais pas m’excuser, mais je m’excuse pour le fait que les Etats-Unis - la dernière administration - se sont retirés des accords de Paris et nous ont mis en quelque sorte à la traîne », a-t-il déclaré. Il a également promis « de l’action, pas des mots ». « Les Etats-Unis ne sont pas seulement de retour autour de la table, mais j’espère montrent l’exemple. »
Les intenses efforts nécessaires pour lutter contre le changement climatique représentent une « opportunité incroyable » pour l’économie mondiale, a-t-il poursuivi. « Au sein de la catastrophe grandissante, je pense qu’il y a une opportunité incroyable, pas seulement pour les Etats-Unis, mais pour nous tous », a-t-il déclaré en s’adressant aux dirigeants mondiaux. Les Etats-Unis seront « en mesure d’atteindre l’objectif de réduction des émissions [de gaz à effet de serre] de 50-52 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005 », a-t-il ajouté.
Le chef de l'État français Emmanuel Macron, a plaidé lors de son intervention à la COP26 de Glasgow, pour des stratégies nationales qui "crédibilisent" l'objectif d’une hausse de la température limitée à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, appelant les "plus gros émetteurs" en retard sur leurs engagements à rehausser leurs objectifs.
Les pays riches doivent prendre leurs responsabilités pour financer la transition énergétique dans les pays en voie de développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2025, comme ils s'y sont engagés, a ajouté Emmanuel Macron, assurant que la France et l'Union européenne paient déjà leur "juste part". "Le succès est à portée de main si nous nous mobilisons, décidons et agissons" ensemble, a insisté le président français.
Plaidant pour une meilleure coordination des agendas de lutte contre le changement climatique et en faveur de la protection de la biodiversité et des océans, Emmanuel Macron a souligné l'incompatibilité de ces combats avec des accords commerciaux qui ne les prennent pas en compte.
Denis Sassou N’Guesso, Président de la République du Congo, a interpellé les pays industrialisés, à qui incombe la responsabilité historique du dérèglement climatique, et qui se montrent réticents à mobiliser les financements nécessaires à la concrétisation de leurs engagements. Les grandes difficultés auxquelles se heurte l’application de l’Article 6 de l’Accord de Paris, qui engage les pays riches à soutenir les efforts d’atténuation et surtout d’adaptation des pays en développement, en sont la preuve évidente, a-t-il poursuivi.
Il a réitéré la détermination des pays du Bassin du Congo en général, et celle de la République du Congo en particulier à préserver l’ensemble des secteurs d’émission des gaz à effet de serre. Toutefois, a-t-il souligné, cet engagement va de pair avec la volonté, tout aussi inexorable, de poursuivre notre développement économique et social, pour le bien-être de nos populations. « Ces deux objectifs ne s’excluent pas, ils se complètent. Exiger de nous un ralentissement de notre développement pour que la Planète respire mieux, serait en effet profondément, injuste et même immoral. », a-t-il martélé.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les participants à la COP26 à « sauver l’humanité » face au changement climatique, pour cesser de creuser « nos propres tombes ». « Il est temps de dire “Assez” », a déclaré le chef de l’ONU en s’adressant aux dirigeants mondiaux réunis à Glasgow. « Assez de brutaliser la biodiversité. Assez de nous tuer nous-mêmes avec le carbone. Assez de traiter la nature comme des toilettes. Assez de brûler et forer et extraire toujours plus profond », a-t-il dénoncé. Au lieu de continuer à exploiter la planète, « choisissez de sauvegarder notre avenir et de sauver l’humanité », a-t-il dit, ajoutant que l’humanité était « poussée au bord du gouffre » par « notre addiction aux énergies fossiles ».
La militante kenyane de l'environnement et du climat Mme Elizabeth Wathuti a déclaré : « Nous avons besoin de vous pour répondre avec courage à la crise climatique et écologique… pour ces deux prochaines semaines – qui sont si critiques pour les enfants, pour notre espèce, pour tant d'autres êtres vivants – entrons dans nos cœurs.
Sur la base de la publication du plan de livraison de 100 milliards de dollars, que la présidence a demandé aux gouvernements canadien et allemand de diriger, le financement restera une priorité clé. Les discussions porteront sur la manière dont les pays les plus vulnérables au changement climatique peuvent accéder aux financements nécessaires pour s'adapter au climat et stimuler la reprise verte après la pandémie.
Suite à l'engagement de mobiliser des financements, l'ouverture de la COP26 a vu plusieurs nouvelles annonces de financement pour faire avancer l'action sur les 100 milliards de dollars et aborder le financement de l'adaptation.
Le naturaliste David Attenborough a déclaré aux dirigeants mondiaux que l'avenir des jeunes devrait donner une impulsion pour « transformer la tragédie en triomphe » sur le changement climatique. Il a dit que les émissions de carbone doivent être réduites de moitié cette décennie pour maintenir le réchauffement limité à 1,5 ° C d'ici la fin du siècle.
Le président de la COP26, M. Alok Sharma, appelle à une action immédiate et à la solidarité pour garantir que Glasgow tienne la promesse de Paris. S'adressant aux dirigeants lors du premier grand rassemblement mondial depuis la pandémie de COVID-19, M. Alok Sharma, a déclaré : changement, se ferme rapidement. Mais avec une volonté et un engagement politiques, nous pouvons et devons obtenir un résultat à Glasgow dont le monde peut être fier. »
De nouvelles annonces de pays et de financement sont attendues, y compris un programme britannique supplémentaire visant à mobiliser des milliards d'investissements privés dans des infrastructures vertes et résilientes dans les pays en développement.
Alors que le monde connaît des températures record et des conditions météorologiques extrêmes poussant la planète dangereusement près d'une catastrophe climatique, la nécessité d'une action urgente à la COP26 n'a jamais été aussi claire.
Les dirigeants ont été interpelés par la poète Yrsa Daley-Ward, dont le poème spécialement commandé Earth to COP comprend les lignes suivantes : « Tout ce qui est inférieur à votre meilleur est trop cher à payer. Rien de plus tard que maintenant, trop peu, trop tard. Rien ne changera sans vous. »
Valérie Tchuanté
Pour d’amples informations, bien vouloir télécharger le document ci-dessous :