Depuis juin, le parc national des Virunga, la plus ancienne aire protégée de la RDC, aurait perdu 964 hectares de forêts d’après les alertes reçues par l’outil de surveillance du Global Forest Watch.
« D’abord il y a eu l’éruption du volcan Nyiragongo en mai, puis à la fin de l’année une guerre a éclaté entre le M23 et le gouvernement congolais. À cause de ça, plein de personnes ont fui vers le parc », confie à Mongabay Depaul Bakulu, bénévole auprès de Goma actif, lors d’un entretien téléphonique. Avec cette association, il va depuis 2021 à la rencontre des déplacés pour leur distribuer de la nourriture et des vêtements.
Depuis 2021, les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars), un mouvement armé rebelle créé en 2012 dans le Nord-Kivu, ont conquis de larges portions d’un territoire du nord de Goma, la capitale provinciale. Face aux combats, de nombreux civils prennent la fuite, aggravant une crise humanitaire quasi-permanente dans l’est de la RDC depuis près de trente ans.
Près d’un million d’habitants ont fui leur foyer. Rien qu’au cours des premières semaines d’octobre, plus de 90 000 personnes ont dû fuir dans les territoires de Rutshuru et de Masisi d’après le HCR.
Si certains déplacés vivent dans des camps aménagés par des ONG, les places sont rares et la plupart s’amassent dans des sites informels où ils survivent par leurs propres moyens. D’après Bakulu, les déplacés n’ont pas d’abris pérenne. En plus de la forte concentration humaine, ils vivent sous des bâches ou des sacs soutenus par des bouts de bois. Une précarité aggravée par la saison des pluies.
« Ce sont des gens qui ont besoin de tout, qui manquent de tout. Alors ils coupent du bois. Quand ils coupent du bois, c’est pour préparer de la nourriture, pour stériliser l’eau avant de la boire, pour faire du charbon qu’ils vont revendre ensuite pour pouvoir acheter de quoi manger », dit Bakulu. « En plus, c’est au péril de leur vie. Beaucoup de femmes se font violer, beaucoup d’hommes se font kidnapper, se font tuer en allant couper du bois. Et les déplacés, souvent, doivent reverser une partie de leurs gains aux groupes armés ».
Si les humanitaires proposent de la nourriture, des hébergements, des soins médicaux et un accès à l’eau, rares sont ceux qui proposent une assistance en énergie.
« Les ONG, elles font ce qu’elles peuvent. Elles agissent en fonction de leurs mandats et de leurs bailleurs. Avec la rhétorique sur la protection de l’environnement qu’il y a en ce moment, je comprends que c’est compliqué aussi pour elles de s’impliquer dans la question du charbon de bois” », explique Bakulu. « J’ai vu des ONG venir sensibiliser les déplacés à ne pas couper les arbres. Mais c’est en fait fou, c’est des gens qui ont juste besoin de manger ».
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