Par suite de mesures plus strictes imposées par l’Europe en matière de légalité du bois, les exportations se redirigent vers les pays d’Asie.
Grumier de la société forestière Fabrique Camerounaise de paquets (FIPCAM) transportant une grume provenant d’une forêt près du village de Ngon dans la communauté urbaine d’Ebolowa au Cameroun. Photo Ollivier Girard/CIFOR
Selon les experts s’exprimant dans un rapport récemment publié, compte tenu de l’envol de la demande mondiale de bois et des vastes réserves de l’Afrique centrale, il est probable que les exportations de bois d’œuvre et d’industrie, notamment vers la Chine et d’autres pays asiatiques, vont accentuer la pression sur les 200 millions ha de forêts denses humides de la sous-région, qui ne font pas l’objet d’un classement pour plus de la moitié.
Depuis 10 ans, les exportations de bois de l’Afrique centrale vers l’Europe ont été plus que divisées par deux : elles sont en effet passées de 1,4 milliard USD à 600 millions USD, d’après le rapport intitulé Les forêts du bassin du Congo – État des Forêts 2021, qui est publié par l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC). Sur cette période, la majeure partie des 4,2 millions de tonnes de bois produites par l’Afrique centrale a été expédiée vers les marchés asiatiques.
Selon Nicolas Bayol et ses collègues scientifiques, qui ont étudié l’évolution du secteur du bois dans le bassin du Congo pour ce rapport, l’application par l’Europe de mesures plus strictes pour garantir la légalité du bois (notamment les accords de partenariat volontaire du FLEGT), a donné un coup de fouet aux exportations de l’Afrique centrale vers l’Asie. Cette évolution positionne même la Chine en tant premier partenaire commercial de la sous-région puisque ses importations de bois ont atteint 1 milliard USD en 2019.
Les chercheurs affirment aussi que les pays européens sont moins intéressés de s’approvisionner dans la sous-région en raison de l’absence de compétitivité qui s’accentue pour les produits issus de la transformation primaire et secondaire en Afrique centrale. Selon ces scientifiques, les importateurs européens de grumes, d’avivés et de plots préfèrent désormais se tourner vers des produits semi-finis plus compétitifs provenant d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est, car ils reviennent moins chers à stocker, sont prêts à l’emploi et se transportent plus facilement par container.
« En dépit des mesures prises pour encourager les opérateurs forestiers à élaborer des produits à plus forte valeur ajoutée, le retard des pays d’Afrique centrale reste très important en raison de l’absence d’infrastructures, de frais de transport assez élevés et du manque de main-d’œuvre formée aux métiers du bois », déclare Alain Ngoya Kessy, consultant forestier indépendant qui a participé à la rédaction de ce rapport. Cela incite les opérateurs à se tourner vers les marchés asiatiques et chinois qui sont moins exigeants en termes de qualité.
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