La Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), une institution intergouvernementale comptant 11 Pays membres, et mandatée pour assurer l’orientation, l’harmonisation et le suivi des politiques forestières et environnementales de la sous-région, a expérimenté pendant ces trois dernières années la mise en œuvre des initiatives pilotes.
Renforcement des capacités d’une communauté
Depuis sa création en 2005, la COMIFAC bénéficie de divers appuis techniques et financiers de la Coopération Allemande à travers des projets tels que « le Projet Régional GIZ d’Appui à la COMIFAC ». Ce projet a accompagné la COMIFAC dans la mise en œuvre des initiatives pilotes autour des complexes d’aires protégées transfrontalières que sont le Binational Sena Oura - Bouba Ndjida (BSB Yamoussa) et le Tri National de la Sangha (TNS).
On pourrait dès lors s’interroger sur la pertinence d’une approche basée sur des initiatives pilotes pour une institution sous régionale. Pour la COMIFAC, cette approche a été retenue dans le souci d’approfondir la réflexion et aboutir à des propositions d’harmonisation des politiques sur des thématiques émergentes qui sont peu ou pas abordées dans certains Etats membres. Ces initiatives ont pour objectif de tester la faisabilité, évaluer le temps, les coûts, les risques et développer des approches méthodologiques de certaines thématiques en lien avec la gestion durable des forêts.
Tirant leurs sources du Plan de Convergence de la COMIFAC, du cadre stratégique 2018-2025 du Réseau des Populations Autochtones et Locales pour la Gestion des Ecosystèmes Forestiers d'Afrique Centrale (REPALEAC) et du Protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, cinq initiatives pilotes ont ainsi été identifiées. Elles ont mis l’accent sur la valorisation des connaissances traditionnelles, la mise en œuvre du Consentement Libre Informé et Préalable (CLIP) des Populations Autochtones et Communautés Locales (PACL) dans la gestion durable des aires protégées, l’élaboration d’un protocole communautaire bio-culturel et la conception de catalogues des ressources génétiques auprès des utilisateurs potentiels.
Dans leur généralité, les premiers impacts observés à la suite de la mise en œuvre des initiatives pilotes sont une meilleure visibilité et connaissance de la COMIFAC et de ses réseaux partenaires à l’instar du REPALEAC dans les pays et les localités de mise en œuvre de ces initiatives pilotes. Par ailleurs, la collaboration entre les différents acteurs de terrain (administrations locales, PACL, gestionnaires des aires protégées et leurs zones périphériques, ONG, etc.) s’est vue considérablement renforcée et en même temps ces derniers ont pu bénéficier de diverses sessions de renforcement des capacités sur toutes les thématiques abordées par les initiatives pilotes, tout ceci grâce aux échanges interactifs et au dialogue entre les différents acteurs locaux, qui ont permis à la COMIFAC de déceler les différentes zones d’ombre et défis auxquels ils sont confrontés au quotidien.
1-La mise en œuvre de l’initiative pilote « Appui à l’élaboration d’un Protocole Communautaire Bio culturel (PCB) » a permis la production d’une proposition de guide sous régional sur l’élaboration des protocoles communautaires bio-culturels (PCB) en Afrique centrale. Ce document s’est basé sur les leçons apprises du processus d’élaboration du protocole communautaire bio-culturel de la communauté de Mintoum dans l’Est du Cameroun. Les PCB sont des instruments qui offrent aux gouvernements, au secteur privé, au secteur de la recherche et aux organisations à but non lucratif des modalités claires d’engagement auprès des PACL et d’accès à leurs ressources et à leurs savoirs locaux.
2- L’initiative pilote intitulée « Appui à l’élaboration d’une démarche consensuelle en matière de Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) dans les aires protégées de l’espace COMIFAC sur la base des expériences existantes », a permis d’élaborer et de mettre à la disposition de la sous-région un outil d’orientation sur l’approche du CLIP dans la gestion des aires protégées et leurs zones périphériques. Les capacités des différents acteurs vivant autour des aires protégées (agents des services de la conservation, administrations en charge des forêts, PACL, partenaires techniques et financiers), au niveau local et national se sont vues renforcées.
3- L’initiative pilote sur « l’Appui à l’utilisation des connaissances, innovations et pratiques locales et autochtones déjà identifiées dans la gestion des aires protégées» a permis de mettre en exergue le fait que les connaissances traditionnelles des PACL ne cessent de disparaitre à cause de leur faible valorisation. Elle a ainsi permis de proposer une démarche méthodologique lors de la collecte des connaissances traditionnelles des PACL et la production d’un catalogue desdites connaissances dans le TNS et le BSB Yamoussa.
Conduites suivant une approche participative et de proximité, les initiatives pilotes ont réussi à mettre ensemble des acteurs divers et variés issus du niveau local, national et sous-régional et constituent à ce titre un apprentissage supplémentaire en vue d’une meilleure gestion durable des forêts du Bassin du Congo.
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