L’atelier de lancement du projet UFA-REFOREST s’est déroulé le 30 mars 2022 à Yaoundé. Ce projet est financé par l’UE dans le cadre du Programme d’Amélioration de la Gouvernance en Milieu Forestier (PAMFOR). Quatre sociétés forestières sont engagées dans ce projet, en raison de leur volonté d’être des opérateurs innovants en matière de sylviculture. La durée du projet, géré par l’ATIBT en consortium avec Gembloux Agrobiotech, l’ENSET – Douala et Nature +, sera de quatre ans, pour se terminer début 2026. Les sociétés partenaires sont Alpicam, Pallisco, SEEF et SEFAC.
La valorisation des ressources naturelles de bois d’œuvre contribue de manière significative au PIB du Cameroun. Ce secteur est l’un des premiers employeurs du secteur privé, autant en amont de la filière qu’en aval, au travers de tout un tissu de PME, TPE et d’artisans.
Le pays compte environ 22 millions d'hectares de forêts, soit près de 46% de la superficie totale du pays. Les forêts affectées prioritairement à la production de bois, encore appelées UFA (Unités Forestières d’Aménagement), représentent environ 6,7 millions d’hectares. L’essentiel de la production ligneuse d’exportation provient de ces UFA.
LE BOIS TROPICAL – UNE RESSOURCE DE PREMIER ORDRE POUR LE PAYS
La production nationale industrielle est estimée à environ 3.5 millions de m³ de grumes et 1 millions de m³ de sciages par année. L’exploitation est très sélective, 3 espèces (l’ayous, le sapelli, le tali) contribuent à plus de 50 % de la production. Cette sélectivité impacte peu le couvert forestier, mais elle se traduit par une raréfaction des principales essences exploitées. La régénération naturelle ne pourra pas, à elle seule, reconstituer le stock forestier initial, et des méthodes sylvicoles s’imposent.
UNE RESSOURCE NATURELLE A ASSURER SUR LE LONG TERME
Pour maintenir le potentiel forestier, en quantité et en qualité, il est indispensable d’associer à la régénération naturelle des méthodes sylvicoles faisant appel à la plantation d’arbres, en priorisant les espèces locales et à haute valeur patrimoniale.
Les exploitants forestiers, attributaires de concessions pour une durée de 30 ans, doivent être encouragés à mettre en œuvre des techniques sylvicoles pragmatiques car utiliser du bois tropical d’origine légale et responsable, c’est investir dans l’avenir, dans un habitat durable tout en agissant en faveur de l’environnement. L’ensemble des acteurs doit donc s’associer pour relever ce défi : services de l’État, entreprises privées et populations locales.
DES DEFIS TECHNIQUES
Dans le cadre du projet UFA-REFOREST, il est prévu de mener à bien une action d’enrichissement forestier en ayant recours à différentes techniques dans des UFA attribuées à quatre sociétés privées, avec notamment la mise en place d’un système de monitoring capitalisant les résultats et assurant le suivi des performances des espèces locales plantées.
Parmi les défis que les opérateurs forestiers auront à surmonter, on peut mentionner :
- L’approvisionnement des pépinières en semences de qualité (récoltées dans les concessions) pour produire des plants d’espèces à haute valeur patrimoniale) ;
- L’entretien des arbres dans les trouées d’abattage, parcs à grumes et parcelles dans des conditions difficiles ; et des environnements diversifiés et complexes;
- L’implication des communautés locales et des peuples autochtones dans les opérations sylvicoles;
- La participation du secteur forestier privé aux réflexions sur la restauration du couvert forestier, ainsi que les communautés riveraines ;
- La sensibilisation des parties prenantes sur les résultats obtenus ;
- Une analyse économique de la production de bois d’œuvre et de la fixation du carbone.
Le projet capitalisera l'expertise avérée des partenaires afin de mettre en œuvre des modèles de reboisement efficients, déjà appliqués et validés dans des concessions forestières volontaires.
UN LIEN AVEC UNE FUTURE REGLEMENTATION CAMEROUNAISE ?
Le projet UFA-REFOREST a aussi pour but d’entretenir le lien étroit existant avec l’Administration forestière Camerounaise (MINFOF), de collaborer avec elle et de l’informer sur sa mise en œuvre et ses résultats. Il s’agit en fait ni plus ni moins de réfléchir à l’avenir de la sylviculture dans le cadre des concessions forestières gérées durablement afin d’aider à l’actualisation du cadre normatif en faveur de la restauration du couvert forestier à l’échelle nationale.
Pour cela, il faudra entre autres :
- Organiser des activités de suivi conjoint des enrichissements avec le MINFOF et les autres ministères camerounais, en particulier le MINEPDED, et la recherche ;
- Appuyer la mise en œuvre de mesures incitatives de la part de l’administration et/ou de partenaires ;
- Favoriser la pérennisation après projet et la multiplication des plantations auprès des entreprises partenaires.
Le projet collaborera particulièrement avec les structures compétentes du MINFOF et de l’ANAFOR en ce qui concerne la capitalisation des résultats sylvicoles en s'appuyant sur un suivi conjoint des travaux.
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