La communauté internationale doit-elle rémunérer les pays forestiers tropicaux pour services rendus à l’humanité ? Cette demande est fréquemment formulée par ces états pour compenser le manque à gagner de ne pas convertir les forêts en vue d’activités agricoles et minières. Les auteurs du dernier Décryptage de l’IDDRI plaident pour situer les systèmes de paiements pour services environnementaux dans une approche plus large de co-investissement pour le développement durable.
Ce Décryptage replace les systèmes de « paiements pour services environnementaux » dans le cadre d’une approche plus large de co-investissement pour le développement durable. Après avoir examiné le déficit d’investissements pour le développement dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, ainsi que le rôle et la place de la biodiversité dans leurs trajectoires de développement, ce papier aborde la nature des services fournis par la biodiversité et la manière dont ils peuvent être liés à des paiements, avant d’examiner d’autres sources financières qui pourraient contribuer à une approche de co-investissement.
Messages clés
- Les besoins d’investissement sont massifs dans les pays les moins développés et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, avec un déficit d’investissement particulièrement important pour le développement durable dans les zones rurales et dans le secteur foncier. Les plans nationaux de financement de la biodiversité élaborés dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique sont des outils pertinents pour présenter ces besoins sous la forme de plans d’investissement.
- Le maintien du capital naturel intact dans ces pays est souvent présenté comme un argument en faveur du paiement des services écosystémiques, alors qu’il serait plus pertinent de le présenter comme une justification du co-investissement pour le développement durable avec ces pays. À l’exception du captage du carbone, qui est un problème mondial, les services écosystémiques sont pour la plupart locaux ou nationaux, et concernent souvent la régulation de la quantité ou de la qualité de l’eau. Leur fourniture ne devrait pas être le résultat d’une option de « non-développement » qui nécessiterait une compensation, mais le résultat de l’investissement dans des politiques et des mesures qui préservent la biodiversité en tant qu’atout pour la trajectoire de développement durable des territoires (investissements productifs ainsi qu’investissements dans les institutions et les droits des communautés locales et des populations autochtones).
- Les systèmes nationaux de paiement pour services environnementaux (PSE, voir la distinction avec les services écosystémiques dans le Décryptage) pourraient jouer un rôle en attirant des financements pour investir dans des trajectoires de développement positives pour la nature et les populations dans ces domaines, mais il convient de noter qu’ils sont intrinsèquement liés aux politiques publiques nationales et aux flux d’investissements publics, provenant de sources internationales et nationales, d’où le nécessaire encadrement des co-investissements.
- Une approche de co-investissement pour le développement durable ouvre la voie à d’autres sources complémentaires, y compris les instruments fiscaux nationaux et internationaux, les instruments de dé-risque, en plus des certificats positifs d’impact sur la biodiversité ou sur le climat (une formulation plus appropriée que les « crédits carbone » ou « crédits biodiversité »), qui peuvent être réclamés par les entreprises en complément (et non en remplacement) de leurs efforts pour réduire leur propre empreinte carbone ou biodiversité.
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