Abritant un quart de la biodiversité mondiale, l’Afrique est l’une des régions les plus riches en biodiversité de la planète. Cependant, le rythme de disparition des espèces végétales et animales en Afrique est devenu très alarmant.
Le continent africain est l’une des régions de la planète les plus riches en biodiversité : 4 700 espèces de mammifères, un cinquième des espèces d’oiseaux et un sixième des espèces de plantes. En Afrique se trouve le 2e poumon vert de la planète: la forêt du bassin du Congo qui représente à elle seule 10 % de la biodiversité mondiale et couvre plus de 3,6 millions de km2 répartis sur six pays, à savoir le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale. En fait, les savanes constituent l’écosystème le plus étendu d’Afrique. Ces prairies les plus riches du monde abritent de nombreuses plantes et beaucoup d’animaux indigènes, ainsi que la plus grande concentration au monde de grands mammifères tels que les lions, les éléphants, les girafes, les zèbres, les hippopotames, les buffles, les rhinocéros, les koudous, les léopards, les guépards, les cobes et les oryx.
Par ailleurs, les zones humides africaines sont également immensément riches en biodiversité, avec de nombreuses espèces végétales endémiques et rares, ainsi que des espèces sauvages telles que les oiseaux migrateurs. Au total, l’Afrique compte 8 des 34 hotspots de biodiversité mondiale. En fait, les zones identifiées comme « points chauds » de biodiversité sont les endroits les plus riches biologiquement au monde, abritant de nombreuses espèces endémiques ou menacées. Dans certaines cultures africaines, les zones particulièrement riches en biodiversité étaient souvent désignées comme bosquets sacrés et aires protégées.
La protection de la biodiversité constitue un enjeu de développement, c’est ce qu’explique Ali Mahrous Ali, professeur au département des ressources naturelles de la faculté des études africaines de l’Université du Caire. Et d’ajouter : « La biodiversité variée de l’Afrique constitue le moteur du développement socioéconomique. Elle joue un rôle essentiel dans le développement durable, puisque les économies de la majorité des pays africains dépendent de leurs ressources naturelles ».
Des activités humaines néfastes
L’influence des activités humaines constitue une menace majeure sur la biodiversité africaine. A cause du braconnage, certaines espèces ont déjà été classées comme éteintes alors que nombreuses d’autres sont aujourd’hui menacées de disparition. Un éléphant meurt sur le continent toutes les 25 minutes, tué pour ses défenses en ivoire. Par ailleurs, bien qu’étant considérées parmi les écosystèmes les plus biologiquement productifs d’Afrique, les zones humides sont souvent considérées localement soit comme des menaces pour la santé publique, soit comme des zones potentielles pour l’agriculture. En conséquence, de nombreuses zones humides sont en train de disparaître. Au cours des deux dernières décennies, par exemple, le Niger, disposant d’une dizaine de sites inscrits sur la liste des zones humides d’importance internationale, a perdu plus de 80% de ses zones humides d’eau douce. « L’urbanisation rapide, l’expansion des activités agricoles, ainsi que le trafic illégal d’espèces sauvages et aquatiques, sont les principaux facteurs de la dégradation des écosystèmes de la faune aquatique. Ils ont déjà perdu une plus grande proportion de leurs espèces et risquent de nouvelles pertes dues à la surpêche et à d’autres menaces », souligne Ali Mahrous.
Et une menace climatique
Au-delà de la menace anthropique, le changement climatique pose des risques majeurs pour la répartition de la faune et la flore. La hausse des températures résultant du changement climatique a un impact direct non seulement sur l’activité physiologique des êtres vivants, mais aussi sur leur existence en premier lieu. Selon les estimations des Nations-Unies, le changement climatique devrait être l’un des principaux moteurs de la perte de biodiversité africaine au cours des 50 aux 100 prochaines années. L’Afrique pourrait perdre de 20 à 30% de la productivité des lacs d’ici 2100. La dégradation de la biodiversité entraînerait également la perte de 50% des oiseaux et mammifères d’Afrique d’ici la fin de ce siècle.
L’Afrique subsaharienne est la zone où les forêts disparaissent le plus rapidement. La déforestation en Côte d’Ivoire, par exemple, est la plus forte d’Afrique. 90% de la forêt ont disparu ces 60 dernières années. L’Afrique australe est caractérisée par des précipitations très variables et imprévisibles. Elle se caractérise également par une augmentation des températures associée à des sécheresses fréquentes, des cyclones et des vagues de chaleur. La sécheresse, en particulier, a entraîné la mort de plusieurs espèces sauvages. Les grands herbivores, tels que les éléphants et les hippopotames en particulier, sont vulnérables au changement climatique en raison de leur écologie.
Selon Mahrous, en Afrique, la biodiversité est au coeur de tous les enjeux, puisque les pertes d’espèces dues aux facteurs humains, ainsi qu’aux changements climatiques, affectent les progrès du développement durable en Afrique. Et de conclure: « Toutes ces problématiques seront examinées lors des prochaines conférences sur les changements climatiques pour l’Afrique. En fait, le continent compte sur la COP27 qui aura lieu en Égypte en novembre prochain et sur la Conférence des Nations-Unies sur la biodiversité (COP15) en décembre 2022, au Canada, pour prendre les décisions nécessaires pour la protection de la biodiversité africaine et adopter une vision commune, afin de vivre en harmonie avec la nature ».
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