Dans sa chronique, Eric Albert, journaliste au « Monde », raconte comment le directeur de l’« investissement responsable » de la banque HSBC a osé dire tout haut ce que la plupart des financiers pensent tout bas : le changement climatique n’a aucun impact sur la finance.
hoc, horreur… Stuart Kirk a soudain réveillé tout le monde dans la salle. Lors d’une conférence organisée le 20 mai par le Financial Times, il a osé dire tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas depuis un bout de temps : « Les investisseurs n’ont pas besoin de s’inquiéter du changement climatique. »
L’homme est chargé de l’« investissement responsable » à HSBC, la première banque européenne. Son propos n’est évidemment pas de nier la réalité du changement climatique, ni les risques qu’il implique concernant l’environnement. Mais il consiste à dire que, aussi graves que soient ces bouleversements, ceux-ci n’auront pratiquement aucun effet sur la finance. Il dessine le scénario d’une Bourse qui continuera à monter, de banques qui n’essuieront presque aucune perte du fait du réchauffement de la planète et de banques centrales qui perdent leur temps à s’occuper de ce qui ne les regarde pas.
« Quelle est la durée moyenne des prêts à HSBC, à votre avis ? Six ans. Ce qui arrive à la planète la septième année n’a aucune importance pour notre portefeuille de prêts. » Si le changement climatique a un impact catastrophique dans dix, vingt ou cinquante ans, quelle importance ? Evidemment énorme pour l’humanité, mais absolument nulle pour la vaste majorité du monde financier qui investit à relativement court terme. En clair, les financiers se foutent du climat.
Volontiers provocateur, M. Kirk ose même lancer : « Quelle importance que Miami se retrouve 6 mètres sous la mer ? Amsterdam est 6 mètres sous la mer depuis longtemps et c’est charmant. »
Kirk présente un graphique comparant deux courbes : le nombre d’articles de presse parlant de « catastrophe climatique » et l’indice S&P 500 de la Bourse américaine. Les deux montent en tandem. Il s’agit, bien entendu, d’une corrélation, pas d’une causalité (la Bourse ne monte pas à cause de la prise de conscience du changement climatique !), mais cela prouve au moins une chose : toutes les affirmations selon lesquelles le changement climatique induit des risques pour l’équilibre financier se sont, pour l’instant, avérées fausses.
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