Un premier pas vers un fonds direct pour les peuples autochtones en RD Congo - Mongabay.

À la fin de la Semaine du climat à New York en septembre, l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) a présenté un tout nouveau fonds destiné aux peuples autochtones et aux communautés locales (IPLC) protégeant les forêts en République Démocratique du Congo (RDC), le Indigenous Peoples and Local Communities Forest Facility (IIFF).

 

La RDC détient environ les deux tiers des forêts du bassin du Congo, qui est la deuxième plus grande région de forêt tropicale au monde après l’Amazonie. Ces forêts sont menacées par l’exploitation de bois, la production de charbon de bois, l’agriculture mais aussi par l’exploitation minière.

 

Les peuples autochtones et les communautés locales qui y résident n’ont qu’un titre coutumier sur les terres sur lesquelles ils vivent et dont ils dépendent depuis fort longtemps. Mais en RDC, il est inscrit dans la Constitution que la terre appartient à l’État et le gouvernement ne reconnaît pas le droit des populations de donner leur consentement pour des projets qui pourraient impacter leurs territoires. Les populations autochtones et locales sont souvent expulsées de leurs terres sans recours ou compensations équitables.

 

« Il y a une loi en 2022 qui a donné plus de droits aux peuples autochtones mais elle est très peu appliquée. Il faut qu’on fasse de la sensibilisation pour que cela change et on espère qu’une partie de ce fonds sera utilisé pour faire appliquer la loi, » dit Keddy Bosulu Mola, coordinateur national du Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers (REPALEF), organisation qui a aussi pris part à la mise en place de ce nouveau fonds.

 

Cette nouvelle loi interdit à l’État et aux industriels de commencer des projets susceptibles d’impacter une zone habitée par des IPLC sans obtenir au préalable leur consentement libre et informé. Mais les ONG de défense des droits de l’Homme continuent de référencer des abus. Avec l’argent du fonds, Bosulu Mola espère informer la population de l’existence de la loi et permettre aux peuples autochtones de pouvoir se défendre en cas d’accaparement de leurs terres.

 

Les peuples autochtones, qui vivent depuis des siècles en équilibre durable avec ces forêts, dont le rôle dans la protection de la biodiversité est de plus en plus reconnu, ne reçoivent qu’une infime partie des fonds destinés à la protection du climat et de la biodiversité.

 

Patrick Saïdi, coordinateur national des peuples autochtones au sein de la Dynamique des groupes des peuples autochtones (DGPA), estime : « En général, ce type de fonds transite à travers les grandes institutions internationales comme la Banque mondiale et là le budget est affecté aux frais de fonctionnement de l’institution, à la logistique. »…. »

 

Pour le nouveau Indigenous Peoples and Local Communities Forest Facility, des réseaux IPLC ont collaboré avec l’ONG internationale Wildlife Conservation Society (WCS) et la Rainforest Foundation Norvège (RFN) pour créer un fonds avec moins d’intermédiaires.

 

« L’idée derrière ce financement, c’est que les communautés et les peuples autochtones puissent avoir accès directement aux fonds, sans que l’argent ne soit dilapidé par des intermédiaires, » explique Saïdi.

 

« C’est un projet élaboré de manière participative avec les communautés », précise Bosulu Mola et d’ajouter :

 

« Nous avons pris l’engagement d’agir en consortium. On aura un conseil d’administration à Kinshasa composé d’un représentant de la société civile et de leaders autochtones. Après on aura des petits conseils d’administration au niveau des provinces qui vont décider ce qui peut être fait, à qui ça peut être alloué. C’est notre façon de garantir la transparence mais aussi l’accès direct au fonds. »

 

Pour le moment seuls $5 millions, don du Bezos Earth Fund et de l’Initiative internationale norvégienne pour le climat et les forêts, seront disponibles dans 2 régions de la RDC. « On commence par l’Équateur et le Sud-Kivu parce que ce sont deux provinces qui possèdent une partie de la forêt congolaise avec beaucoup de populations autochtones qui en prennent soin sans forcément avoir accès à des financements. On commence petit mais on espère que ce fonds serve de mécanisme pour recevoir plus de financements, notamment ceux promis lors de la COP26 à Glasgow et là on pourra s’élargir sur tout le territoire congolais, » explique Saïdi.

 

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