Protéger les tourbières et les forêts, « sources de vie » en Angola -Mongabay

  •    A lors que les négociations pour contrer le changement climatique battent leur plein au sommet de la COP27 en Égypte, un groupe de scientifiques et d’écologistes font pression pour obtenir la reconnaissance des hauts plateaux angolais comme puits de carbone essentiel.
  •     Sur ces hauts plateaux, le réseau de rivières, lacs et tourbières entourés de forêts de miombo maintient tout au long de l’année le flux d’eau du bassin du fleuve Okavango pour finalement nourrir le delta de l’Okavango et son immense biodiversité, au Botswana.
  •     Isolés pendant des années à cause de la guerre civile, les hauts plateaux angolais attirent de plus en plus de population en temps de paix pour exploiter la forêt, assécher les marais et déboiser pour cultiver les terres.
  •     Le National Geographic Okavango Wilderness Project réclame la protection de zones vitales des hauts plateaux en vue de préserver leur rôle de « château d’eau » pour les pays voisins, et pour éviter que les tourbières ne deviennent une source de carbone au lieu d’un puits de carbone.

Le paysage est magnifique, et son nom, prophétique : Lisima lya mwono, soit « la source de vie » dans la langue des peuples autochtones de la région, le luchazi.

 

Mais ce n’est pas pour cette seule raison que Vladimir Russo a défendu les hauts plateaux angolais lors du sommet pour le climat de la COP27 cette année en Égypte.

 

« Il s’agit de l’un des plus vastes systèmes de tourbières. Les dernières données que nous avons collectées montrent qu’elles existent depuis 7 000 ans. Les marais des tourbières capturent de grandes quantités de carbone et pourraient apporter une solution au changement climatique », a-t-il déclaré à Mongabay au téléphone depuis Sharm el-Sheikh.

 

Les rivières ayant leur source sur ces hauts-plateaux du sud-est de l’Angola fournissent trois bassins hydrographiques majeurs, notamment 95 % de l’eau du bassin de l’Okavango, qui alimente le delta de l’Okavango et son immense biodiversité à plus de 1 000 kilomètres au sud, au Botswana.

 

« Nous nous intéressons non seulement au paysage, mais aussi à la fonction des tourbières qui agissent comme des éponges », explique Vladimir Russo.

 

Russo est un environnementaliste angolais et conseiller technique auprès du National Geographic Okavango Wilderness Project (NGOWP), qui a mené des recherches approfondies sur les hauts plateaux au cours des dix dernières années.

 

Son équipe a identifié 16 lacs de source dans la province de Moxico. Ces lacs alimentent des rivières comme le Cuito et le Cubango, qui convergent ensuite vers la frontière entre l’Angola et la Namibie pour devenir l’Okavango, qui traverse la bande de Caprivi en Namibie et jusqu’au Botswana, avant de s’ouvrir sur le vaste delta intérieur de l’Okavango.

 

Mais les activités humaines sur les hauts plateaux angolais risquent de perturber l’ordre des choses.

 

Les hauts plateaux sont restés isolés pendant des dizaines d’années en raison de la guerre civile et des nombreux champs de mines. Aujourd’hui, les populations locales retournent y vivre, assèchent les marais et déboisent les forêts de miombo pour cultiver la terre.

 

Miombo est le terme qui désigne les arbres à feuilles caduques qui sont la végétation dominante dans ce paysage. Selon les scientifiques, ils sont spécialement adaptés aux terrains arides et capables d’absorber les nutriments et l’humidité des sols pauvres de la région. Quand les nouveaux agriculteurs de la région plantent des cultures de zones arides comme le millet, le maïs et le manioc, le sol s’épuise rapidement, ce qui les pousse à cultiver d’autres terres.

 

L’abattage illégal décime les réserves de bois exotique comme le mussivi, le bois de rose africain (Guibourtia coleosperma), à Moxico et dans la province voisine de Cuando Cubango, au sud des hauts plateaux. La situation reculée de la région est aujourd’hui un désavantage : l’abattage des arbres n’est ni détecté, ni sanctionné, au moins pendant un bon moment.

 

« Parfois, les sociétés opèrent dans la région pendant des semaines avant que quiconque ne les remarque », affirme Vladimir Russo. « C’est seulement quand ils transportent le bois, sans permis, que leurs activités illégales sont découvertes, mais le mal est déjà fait. »

 

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